Expérimenter, sortir du cadre: une opportunité et un enjeu d’innovation pour les organisations

Et si capacité d’innovation et attractivité allaient de pair? Dépasser la théorie et remettre du concret, sortir de l’illusion de tout définir à l’avance et de tout contrôler dans un environnement ouvert à la nouveauté, tels sont les enjeux pour permettre aux employés de s’épanouir en exprimant leur plein potentiel et d’ouvrir la porte aux idées nouvelles et à l’innovation.

7/4/20233 min read

assorted hot air balloons flying at high altitude during daytime
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Pour apprendre, évoluer, se renouveler, l’être humain, comme tous les êtres vivants, doit expérimenter et se confronter au réel. A L'instar de Francisco Varela (Invitation aux Sciences Cognitives, Seuil, 1988), de nombreux chercheurs soutiennent ainsi que l’expérimentation est ce qui permet d’inscrire en nous ce que nous avons appris de manière théorique. Avec la même logique, la capacité d’expérimentation va ouvrir le champ d’exploration au-delà même des savoirs pour aller explorer les possibles, autrement dit pour innover.

Première conclusion: pour évoluer et innover, il faut sortir des salles de classe et des e-learning et se mettre en situation, en conditions réelles. Non que les apprentissages plus formels soient inutiles, l’idée, c’est de leur donner corps et de ne pas en faire un carcan. C’est donc naturellement l’environnement de travail qui serait le meilleur lieu d’apprentissage et d’innovation. Pour que cet environnement soit prolifique, il devra être ouvert et propice à la découverte. C’est là que les choses se compliquent…Force est de constater que l'esprit d'ouverture est bien souvent étouffé par le besoin de tout maîtriser et de tout contrôler dans beaucoup d’entreprises. On reste très majoritairement dans un mode dans lequel on garde l’illusion de tout vouloir prévoir et anticiper (ce qui n’empêche pas l’imprévu d’être omniprésent) et où l’attention de chacun est portée sur le respect du cadre ainsi défini: des processus élaborés par des fonctions centrales, une planification et un système de monitoring détaillé, un reporting à tous les étages et dans toutes les dimensions des organisation matricielles. J’ai été à bonne école dans mon passé de qualiticienne, férue de processus en tous genres et spécialiste des règlements de sécurité européens. En dépit de mes diverses tentatives d’inflexion du système, c’est avec conscience de ma participation au crime et réalisme que je peux vous parler aujourd’hui de la tyrannie des processus, de la boulimie d’indicateurs qui ne servent pas les opérationnels et de la ronde des reportings que l’on recycle sans trop savoir pourquoi. En plus d’être peu propice à l’expérimentation, à l’apprentissage et à l’innovation, ce cadre ne permet pas d’utiliser le plein potentiel des employés dans ces activités à faible valeur ajoutée. Pour couronner le tout, on a tendance à considérer ce qui sort du cadre comme des fautes, plutôt que comme des opportunités d’apprentissage, ce qui encourage à la frilosité et bride les porteurs d’idées nouvelles. Il va sans dire que cette privation de liberté ne va pas encourager la fidélisation des collaborateurs.

Certes, le cadre est aussi là pour indiquer un chemin commun, répondre à des réglementations et aussi parfois pour rassurer dans un contexte complexe et instable. C’est donc un juste équilibre qu’il faut trouver, dans le respect des valeurs de l’entreprise mais sans avoir peur de se remettre en question pour faire la différence. Certaines entreprises ont effectué des transitions spectaculaires dans ce sens. On les appelle “entreprises libérées” (Isaac Getz - Liberté & Cie) ou “entreprises Opales” (Antoine Laloux - Reinventing organizations). Un exemple remarquable en France et précurseur en la matière est l’entreprise FAVI, fonderie picarde, qui a fait ainsi décoller ses parts de marché pour l’automobile européen. Jean-François Zobrist, dirigeant de FAVI de 1980 à 2009 a révolutionné le système de management donnant le pouvoir aux productif directs : les ouvriers, dans une dynamique tournée vers le client. Ce fonctionnement a boosté l’engagement des ouvriers et libéré leur capacité créatrice pour mettre en place un mode de fonctionnement très ouvert où chacun se développe librement dans les domaines qui font sens par rapport à leur activité.

A-t’on besoin d’aller aussi loin que FAVI pour libérer les potentiels et les énergies créatrices? Vous trouverez certainement des raisons pour lesquelles ce mode de fonctionnement ne pourrait pas marcher dans votre entreprise. De telles transitions peuvent en effet faire peur car elles cassent beaucoup de codes et sont des formes de révolution. On ne peut cependant pas ignorer qu’elles répondent à des aspirations profondes du monde du travail et à la nécessité pour les entreprises d’innover, de se réinventer pour continuer d’exister.

Et vous, où en êtes vous dans cette trajectoire? Chaque entreprise, riche de sa compétence et de sa culture, peut définir sa propre voie pour remettre de la réalité et du bon sens dans des modes de fonctionnement plus ouverts, et renforcer ainsi l’attractivité de ses métiers et les capacités d’innovation.

Vous voulez savoir à quoi cela pourrait ressembler pour votre entreprise? Discutons-en. Il n’y a pas de voie unique, il y a VOTRE voie et il y a la force des aspirations collectives.

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